Yaoundé – 18 août 2025
Alors que la campagne électorale officielle n’a pas encore été lancée, le journaliste Venant Mboua affirme que Paul Biya, candidat à un 8ᵉ mandat, a déjà bouclé la sienne. Dans une tribune publiée ce lundi, il soutient que les concertations initiées par le Secrétaire général de la présidence, Ferdinand Ngoh Ngoh, constituaient en réalité une stratégie de campagne déguisée.
« Une campagne sans déplacements »
Selon Venant Mboua, les rencontres organisées depuis plusieurs mois avec diverses couches sociales — des leaders traditionnels aux étudiants — avaient pour objectif de positionner Paul Biya comme le seul interlocuteur attentif aux préoccupations nationales.
« La campagne de Biya est terminée. Ils ont commencé par les vieillards et terminé par les jeunes étudiants », écrit le journaliste.
Il estime que l’équipe présidentielle s’apprête à présenter ces concertations comme une démonstration de proximité avec les populations, évitant ainsi au chef de l’État de parcourir le pays.
Le symbole des deux photos
Dans sa tribune, Venant Mboua utilise une métaphore saisissante : deux clichés récents du président, selon lui, symboliseraient une campagne figée, presque funéraire.
« Deux photos comme dans une salle d’attente de la morgue, avant la sortie du corps, autour duquel les invités déposent leurs lamentations », décrit-il, évoquant une atmosphère marquée par le silence et l’incertitude.
Un système déjà légitimé
Le journaliste rappelle également que le régime a réussi à installer l’idée qu’un président pouvait gouverner sans jamais convoquer de conseil des ministres. Une pratique qu’il compare à « des deuils sans corps », suggérant que l’absence physique de Biya dans la vie publique est désormais normalisée.
« Prions ! », conclut-il ironiquement, face à ce qu’il considère comme une dérive institutionnelle.
Un débat qui s’annonce vif
Ces propos s’inscrivent dans un contexte où la scène politique camerounaise se tend à l’approche de l’élection présidentielle d’octobre 2025. Alors que l’opposition se prépare à entrer en campagne, la critique de Venant Mboua soulève une question centrale : le président sortant peut-il réellement se passer d’une campagne traditionnelle pour briguer un nouveau mandat ?