Yaoundé, Cameroun – À la clôture officielle des dépôts de candidatures pour l’élection présidentielle prévue le 12 octobre 2025, Elections Cameroon (Elecam) a annoncé avoir enregistré 81 dossiers à travers le territoire national. Un chiffre inédit dans l’histoire électorale du Cameroun, qui suscite à la fois curiosité et interrogation.
Une participation sans précédent
Ce lundi 21 juillet à minuit, la réception des candidatures a été close dans les antennes régionales et départementales d’Elecam. Immédiatement après, la Direction générale des élections a publié une liste provisoire des candidats déclarés. Ces dossiers seront transmis au Conseil électoral, puis au Conseil constitutionnel, chargé de la validation finale.
Pour rappel, lors du scrutin de 2018, seulement 28 candidatures avaient été enregistrées au départ, dont 9 avaient été retenues au final. En 2011, 52 candidatures initiales avaient été soumises, avec 23 retenues après filtrage. Le nombre actuel, 81, marque une progression spectaculaire qui interpelle.
Une réponse à 42 ans de règne ?
Si certains y voient une dynamique démocratique renouvelée, d’autres dénoncent une forme de dérive populiste ou d’opportunisme politique. Pour Jean-Bruno Tagne, journaliste et écrivain camerounais, cette inflation est symptomatique d’un mal plus profond :
« Le président Paul Biya a tellement mal gouverné que chacun se croit capable de faire mieux », a-t-il déclaré, en réaction au phénomène.
Cette multiplication de candidatures – dont certaines semblent peu crédibles – témoigne, selon plusieurs observateurs, d’un ras-le-bol généralisé de la population, notamment des jeunes générations, face à un pouvoir qui cumule plus de quatre décennies de gouvernance.
L’alternance comme horizon
Le nombre record de prétendants pourrait également signaler une aspiration forte à l’alternance au sommet de l’État. Depuis plusieurs mois, des voix s’élèvent dans les milieux politiques, civils et médiatiques pour réclamer un renouvellement des élites et une réforme profonde des institutions.
Ce contexte électoral unique place le Conseil constitutionnel face à une mission cruciale : trier avec rigueur les dossiers en vue de garantir un scrutin transparent, crédible et conforme à la loi. Selon les délais prévus, la liste officielle des candidats retenus devrait être publiée dans les prochaines semaines.