Yaoundé, 22 août 2025 – Le Conseil constitutionnel a tranché. Réuni ce vendredi, il a rejeté la requête introduite par l’avocat et homme politique Me Akere Muna, qui contestait l’éligibilité du président Paul Biya, 92 ans, à l’élection présidentielle prévue le 12 octobre prochain.
Une requête jugée « non justifiée »
Pour le Conseil, les arguments présentés par l’ancien bâtonnier ne reposent pas sur des fondements juridiques suffisants. La requête a été déclarée « non justifiée », ouvrant ainsi la voie à la candidature du chef de l’État sortant, au pouvoir depuis 1982, pour un nouveau mandat.
Les arguments d’Akere Muna
Dans son dossier, Me Akere Muna avait déposé 11 pièces justificatives, comprenant des articles de presse, des photos, des vidéos et une expertise gériatrique. L’objectif était de démontrer que le président Biya, en raison de son âge avancé et de ses absences répétées, ne serait plus en mesure d’exercer pleinement ses fonctions.
Parmi ses principaux arguments :
- La dépendance – Selon lui, les 42 jours passés à l’étranger par le chef de l’État en 2024, ainsi que sa gouvernance « par procuration », traduiraient une incapacité à diriger de manière autonome.
- La gouvernance de l’ombre – Il a dénoncé la paralysie d’institutions comme le Conseil supérieur de la magistrature, inactif depuis six ans, et la prépondérance d’« instructions présidentielles » relayées par des responsables non élus.
- Des preuves publiques – Il a évoqué les signes de désorientation de Paul Biya lors du Sommet États-Unis-Afrique en 2022, où le président avait dû être assisté pour des gestes simples, ainsi que ses séjours médicaux prolongés en Suisse.
Le soutien de Me Michèle Ndocki
Aux côtés d’Akere Muna, l’avocate Me Michèle Ndocki faisait partie du conseil. Dans un message publié sur Facebook, elle avait insisté sur l’importance de cette requête pour l’avenir démocratique du Cameroun :
« Nos interventions s’appuient sur les dispositions du Code électoral et de la Constitution, avec pour objectif de garantir que la prochaine élection présidentielle respecte la lettre et l’esprit de la loi. Il s’agit de préserver l’intégrité de nos institutions », écrivait-elle.
Une candidature confirmée
Avec cette décision, Paul Biya est officiellement en lice pour un nouveau mandat. Son camp y voit la confirmation de la légitimité de sa candidature, tandis que ses adversaires dénoncent une justice constitutionnelle alignée sur le pouvoir exécutif.
À moins de deux mois du scrutin, la question de l’âge et de la capacité du président sortant à diriger continue de nourrir le débat politique et citoyen au Cameroun.