Dans un nouvel épisode des tensions préélectorales au Cameroun, le Conseil constitutionnel s’est déclaré compétent pour examiner le recours du collectif d’avocats de Maurice Kamto, tout en refusant de contraindre Elections Cameroon (Elecam) à publier la liste électorale nationale. Un revers pour l’opposition qui réclame davantage de transparence à l’approche du scrutin présidentiel prévu pour octobre 2025.
Un recours crucial rejeté
Le recours, introduit par Me Sylvain Souop, au nom de Maurice Kamto, ancien président du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC), visait à exiger la publication immédiate et intégrale de la liste électorale nationale. Pour le collectif d’avocats, cette publication constitue un préalable indispensable à tout processus électoral crédible et conforme à la Constitution.
« Le peuple a le droit de connaître la composition du corps électoral pour s’assurer de sa régularité. Le silence d’Elecam crée un flou juridique et politique », a plaidé Me Hippolyte Meli TIAKOUANG à l’audience.
Légalité constitutionnelle en question
La décision du Conseil constitutionnel, qui s’est contenté de reconnaître sa compétence sans pour autant statuer en faveur des requérants, relance le débat sur le rôle effectif de cette institution dans la régulation démocratique. L’opposition dénonce une “complicité institutionnelle” visant à neutraliser les garde-fous juridiques censés encadrer le processus électoral.
« C’est un déni de tout contrôle, de toute régulation, et celui de toute régularisation malgré les dispositions des articles 46 et 48 de la Constitution », a insisté Me Meli TIAKOUANG, évoquant une atteinte grave à la légalité constitutionnelle et aux droits civiques des électeurs.
Des précédents préoccupants
Ce n’est pas la première fois que le Conseil constitutionnel s’abstient d’intervenir dans des contentieux électoraux de cette nature. En 2018 déjà, plusieurs recours introduits par des candidats de l’opposition avaient été déclarés irrecevables, alimentant la suspicion autour de l’impartialité de la haute juridiction.
La récurrence de ces décisions alimente la perception d’un verrouillage progressif du débat démocratique, alors que la présidentielle de 2025 s’annonce comme une échéance cruciale pour l’avenir politique du pays.
Une exigence de transparence ignorée
À quelques mois du scrutin, l’absence de publication de la liste électorale empêche des millions de Camerounais de vérifier leur enrôlement. Dans un contexte de défiance généralisée envers les institutions, ce manque de transparence pourrait nourrir l’abstention et renforcer la contestation post-électorale.
Pour les partisans de Maurice Kamto, cette bataille judiciaire n’est pas uniquement une procédure technique : elle incarne la lutte pour des élections justes, libres et transparentes.
Et maintenant ?
En maintenant Elecam hors d’atteinte d’un contrôle juridictionnel effectif, le Conseil constitutionnel semble renforcer le statu quo. L’opposition, elle, continue d’appeler à la mobilisation citoyenne pour obtenir la transparence électorale.
La présidentielle 2025 pourrait bien se jouer, non seulement dans les urnes, mais aussi dans les salles d’audience et les débats juridiques.