Politique – Cameroun. Dans une tribune incisive, le cinéaste Jean-Pierre Bekolo s’adresse aux cadres du Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC) qui s’apprêtent à défendre la candidature de Paul Biya lors de l’élection présidentielle du 12 octobre 2025.
Selon lui, le président sortant « consume tous ceux qui se croient ses héritiers : biologiques, politiques, ethniques ou administratifs ». Ministres figés à leurs postes depuis des décennies, responsables politiques usés, alliés déchus ou emprisonnés… tous auraient été sacrifiés par un système qu’ils pensaient servir.
« Biya ne lègue rien »
Bekolo met en garde les militants du parti au pouvoir :
« Vous n’êtes pas les héritiers de Paul Biya. Paul Biya n’a pas d’héritiers. Paul Biya ne laisse pas d’héritage. Le Cameroun qu’il vous laisse est vidé de sa substance, et vous en devenez les comptables. »
Il souligne l’absurdité d’une campagne menée pour un candidat « invisible », qui n’a jamais lui-même annoncé sa candidature :
« Vous devrez tromper le peuple, mais surtout commencer par vous tromper vous-mêmes. Cette fois, il vous lâchera. Quand vous vous retournerez, ce seront vos visages et vos noms que le peuple retiendra. »
Le « mirage Biya » face à l’histoire
Pour le cinéaste, la longévité du chef de l’État ne s’accompagne d’aucun héritage politique. Contrairement à Ahmadou Ahidjo qui avait préparé une succession avec Biya et Bello Bouba Maigari, le système actuel n’aurait « rien à transmettre ».
« Voilà pourquoi il vous adresse ce sourire de la Joconde : un sourire énigmatique, fascinant, mais vide de sens. Biya ne lègue rien. Il n’offre qu’un mirage », conclut Bekolo.