À trois mois de la présidentielle, un groupe d’élites originaires de l’Ouest Cameroun publie un mémorandum critique à l’égard du régime en place et des représentants locaux du RDPC, les accusant d’être complices d’un système à bout de souffle.
Un acte de rupture politique inédit
Alors que la campagne présidentielle se profile au Cameroun, des voix s’élèvent depuis les régions du pays pour contester l’ordre établi. Dernier exemple en date : la publication d’un mémorandum virulent signé par plusieurs fils et filles de la région de l’Ouest. Dans ce document, les signataires prennent fermement leurs distances avec les élites politiques locales issues du Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC) et dénoncent leur alignement sur un régime qu’ils jugent « à l’agonie ».
« Nous refusons de fermer les yeux sur la souffrance des régions enclavées, marginalisées, abandonnées », écrivent-ils. « Ces élites corrompues ne méritent plus ni respect, ni considération. »
Une critique du régime et de ses relais locaux
Le document ne ménage ni le président Paul Biya ni les figures politiques de la région. Les signataires s’en prennent particulièrement à ce qu’ils appellent une « poignée d’élites locales complices du déclin du pays », qu’ils accusent d’avoir trahi leur mission de représentation au profit de privilèges personnels.
Selon eux, les avancées perçues dans certaines localités de l’Ouest — infrastructures, investissements, dynamisme économique — sont le fruit de l’initiative citoyenne, et non de l’action de l’État.
« Nous ne sommes pas dupes. Ces acquis ne sont dus ni à l’État ni au régime Biya, mais à l’abnégation des citoyens eux-mêmes. »
Un appel à la solidarité nationale
Le texte prend aussi un tournant nationaliste en appelant à la solidarité avec les autres régions du Cameroun, notamment celles qui, selon les auteurs, souffrent d’un enclavement chronique et d’un abandon institutionnalisé.
La prise de parole s’inscrit dans une série de réactions similaires observées ces dernières semaines dans d’autres régions du pays. Une mobilisation de la société civile et de certains groupes de l’élite intellectuelle, qui semble vouloir peser sur les dynamiques électorales à venir.
Une fracture grandissante dans l’électorat traditionnel du pouvoir
Ce type de sortie publique confirme les tensions qui traversent le RDPC, notamment dans des bastions supposés fidèles comme l’Ouest. Alors que certaines localités du Nord promettent « 100 % des voix » au président Paul Biya, ce mémorandum met en lumière une fracture croissante entre le pouvoir central et une partie de ses soutiens régionaux historiques.
Il reste à voir si ce mémorandum restera un simple texte politique ou s’il aura un impact électoral concret lors du scrutin du 12 octobre 2025.



