Yaoundé, 22 août 2025 – Le Conseil constitutionnel du Cameroun a rejeté ce vendredi après-midi la requête introduite par l’opposant et avocat Me Akere Muna, qui demandait que le président Paul Biya, 92 ans, soit déclaré inéligible à l’élection présidentielle prévue le 12 octobre prochain.
La demande, examinée au cours d’une audience de plus de deux heures, a été jugée « non justifiée ».
Les arguments d’Akere Muna
À la barre, l’ancien bâtonnier a soutenu que le chef de l’État « ne gouverne plus effectivement le pays » et exerce son autorité par procuration. Il a dénoncé une « dépendance organisée », qui profiterait davantage à l’entourage présidentiel qu’à l’État.
Me Muna a notamment pointé du doigt l’influence de la Première dame, Chantal Biya, ainsi que du secrétaire général de la présidence, Ferdinand Ngoh Ngoh, qui bénéficie depuis 2019 d’une délégation permanente de signature.
Selon lui, cette situation illustre une « gouvernance de l’ombre » où le pouvoir réel serait exercé par des responsables non élus.
La défense du pouvoir en place
Les représentants du gouvernement ont répliqué que la délégation de signature accordée au secrétaire général de la présidence « relève du fonctionnement normal de l’administration » et qu’elle est expressément prévue par la Constitution.
Les avocats du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), parti au pouvoir, ont par ailleurs contesté la solidité des preuves fournies par Akere Muna. Celles-ci consistaient principalement en coupures de presse et en une vidéo, jugées « insuffisantes » pour remettre en cause l’éligibilité du président sortant.
Une candidature définitivement validée
À l’issue des débats, le Conseil constitutionnel a suivi les arguments de la défense et rejeté la requête. Paul Biya est donc confirmé comme candidat à sa propre succession, lui qui brigue un nouveau mandat après plus de quatre décennies au pouvoir.
Cette décision conforte le camp présidentiel, mais relance les débats sur la transparence électorale et sur l’avenir du pays sous la direction d’un chef d’État nonagénaire.