Yaoundé, Cameroun – 27 juillet 2025 | VP237
Alors que le processus de validation des candidatures pour la présidentielle de 2025 se poursuit dans un climat de tension croissante, Anicet Ekane, président national du Mouvement africain pour la nouvelle indépendance et la démocratie (Manidem), monte au créneau. Dans une déclaration accordée au magazine Jeune Afrique, le leader politique dénonce une “opération mafieuse” orchestrée pour écarter Maurice Kamto et le Manidem de la course à la magistrature suprême.
“Maurice Kamto et le Manidem sont victimes d’une opération mafieuse”, a affirmé M. Ekane, visiblement indigné, dénonçant des “manipulations grossières” dans la gestion des candidatures par les autorités.
Une exclusion qui suscite l’indignation
Le rejet de la candidature de Maurice Kamto, leader du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC), a provoqué une onde de choc dans l’opinion publique. L’alliance politique entre le MRC et le Manidem semblait pourtant prometteuse pour une opposition crédible et unie face au président sortant Paul Biya, en lice pour un nouveau mandat.
Pour Anicet Ekane, la manœuvre qui a conduit à ce rejet serait le fruit d’un stratagème concerté impliquant certains cercles du pouvoir.
“Jusqu’à minuit, le dernier jour du dépôt des candidatures, le site officiel du ministère de l’Administration territoriale mentionnait encore Ekane comme président du Manidem. Dix minutes après minuit, un autre nom apparaît. Et le lendemain, Paul Atanga Nji publie un communiqué affirmant que le site a été piraté. C’est une manœuvre d’une rare maladresse”, a-t-il dénoncé.
Une opération bien préparée ?
Anicet Ekane affirme détenir des éléments accablants, en particulier des enregistrements audio, qui prouveraient l’existence d’un plan coordonné, baptisé “opération Yebga”, visant à invalider plusieurs candidatures, dont celle de Maurice Kamto.
“On y entend distinctement les préparatifs d’un plan visant à faire rejeter plusieurs candidatures. Dans ces audios, la voix même de l’intéressé détaille les montants qu’il a perçus, les étapes de l’opération, et anticipe les résultats tels qu’on les connaît aujourd’hui.”
Selon Ekane, ces éléments seront versés dans un recours qu’il envisage de déposer devant le Conseil constitutionnel, afin de contester les décisions rendues par le Conseil électoral. Il espère ainsi faire annuler ce qu’il considère comme une “exclusion politique calculée”.
Une liste de candidats controversée
Le Conseil constitutionnel a validé plusieurs candidatures, notamment celles de Paul Biya, Bello Bouba Maïgari, Issa Tchiroma Bakary, figures politiques établies du régime en place. En revanche, Maurice Kamto, dont la candidature était attendue par une large partie de la jeunesse et des opposants, est absent de la liste.
Cette décision a ravivé les accusations de partialité dans le processus électoral et renforcé les critiques à l’encontre d’ELECAM, l’organe en charge des élections au Cameroun, déjà accusé de servir les intérêts du parti au pouvoir.
Un climat politique de plus en plus tendu
À quelques mois du scrutin prévu en octobre 2025, le climat politique camerounais s’envenime. De nombreux acteurs politiques et observateurs internationaux appellent à la transparence, à la neutralité des institutions électorales et à la protection des droits des candidats.
Pour le moment, le Conseil électoral n’a pas réagi officiellement aux accusations d’Anicet Ekane. Les regards sont désormais tournés vers le Conseil constitutionnel, dernier rempart juridique pour les recours électoraux.