Le Front pour le Salut National du Cameroun (FSNC) traverse une crise interne majeure à trois mois de l’élection présidentielle. Son co-fondateur Abbo Yero a annoncé sa démission, dénonçant une gouvernance autoritaire et un mépris des règles internes.
Dans une lettre rendue publique ce 9 juillet 2025, Abbo Yero, membre historique du FSNC, a annoncé son départ du parti dirigé par Issa Tchiroma Bakary. Ancien président du mouvement des jeunes du FSNC et membre du bureau politique, Yero évoque une « dérive autoritaire » consécutive à la désignation de Tchiroma comme candidat à la présidentielle, sans consultation des organes compétents.
Une démission retentissante
Dans sa lettre, Abbo Yero fustige une décision qu’il qualifie de « personnelle et arbitraire », prise en violation des statuts fondateurs du parti. « Le FSNC a été fondé sur des principes démocratiques. Aujourd’hui, ces valeurs sont foulées aux pieds », écrit-il.
Selon lui, la candidature de Tchiroma aurait dû faire l’objet d’un débat interne, impliquant la base militante et les structures statutaires. « Ce que nous observons aujourd’hui n’est plus un parti, mais une structure dominée par une volonté solitaire », déplore-t-il.
Silence accusé
Yero affirme avoir adressé plusieurs lettres au président du parti, l’invitant à renouer avec les pratiques démocratiques internes. Face au mutisme de Tchiroma, il dit avoir pris sa décision « avec regret, mais dans la fidélité aux valeurs de justice, d’écoute et de transparence ».
Il qualifie la situation actuelle de « scandale politique » et promet de continuer à s’engager pour une autre vision du Cameroun, en dehors du cadre du FSNC.
Un parti en perte de vitesse ?
Cette nouvelle démission intervient quelques jours seulement après le départ du vice-président du parti, Yerima Dewa. À l’approche de l’élection présidentielle prévue en octobre 2025, ces départs successifs fragilisent considérablement le FSNC, dont le leader peine à rassembler autour de sa candidature.
L’image d’Issa Tchiroma, ancien ministre de la Communication et figure connue du paysage politique camerounais, se trouve affaiblie au sein même de sa formation, désormais en proie à une crise de légitimité.
Une présidentielle sous haute tension
Le retrait d’Abbo Yero s’ajoute à une série de remous politiques qui secouent la scène camerounaise ces dernières semaines. Plusieurs partis alliés au pouvoir, dont l’UNDP et le FSNC, ont vu leurs leaders respectifs prendre leurs distances avec le régime de Paul Biya et annoncer leur candidature.
Alors que le pays s’achemine vers une élection potentiellement historique, les lignes bougent rapidement, et les fractures internes, autrefois contenues, apparaissent désormais au grand jour.