Paul Biya est au pouvoir depuis le 6 novembre 1982, faisant de lui l’un des chefs d’État les plus anciens en exercice dans le monde. Après quatre décennies de gouvernance, son bilan suscite des opinions contrastées. Entre stabilité politique, développement économique inégal et crises sociales, quel héritage laisse-t-il au Cameroun ?
Une stabilité politique sous tension
Dès son accession à la présidence, Paul Biya a promis la « rigueur et la moralisation » dans la gestion du pays. Son régime a assuré une certaine stabilité institutionnelle, évitant les guerres civiles qui ont secoué d’autres nations africaines. Cependant, cette stabilité a souvent été entachée par des tensions politiques, notamment avec les crises post-électorales et les contestations de l’opposition qui dénoncent un verrouillage du système démocratique.
Une économie en demi-teinte
Le Cameroun a connu une croissance économique variable au fil des années. Avec des ressources naturelles riches (pétrole, cacao, bois, etc.), le pays aurait pu connaître un essor économique plus soutenu. Cependant, la corruption, la mauvaise gestion des fonds publics et l’endettement freinent son développement. L’émergence promise pour 2035 semble encore lointaine, malgré la mise en place de grands projets structurants comme le port en eau profonde de Kribi ou l’extension des infrastructures routières.
Les défis sociaux : pauvreté, santé et éducation
La question sociale reste un des points les plus sensibles du bilan de Paul Biya. Si des avancées ont été enregistrées dans l’accès à l’éducation, le système de santé demeure défaillant et la pauvreté touche encore une grande partie de la population. Le chômage des jeunes est un problème majeur, alimentant le désespoir et l’émigration clandestine.
Une crise sécuritaire persistante
Depuis 2016, le Cameroun fait face à une crise dans les régions anglophones où des revendications séparatistes ont dégénéré en conflit armé. À cela s’ajoutent les attaques du groupe terroriste Boko Haram dans l’Extrême-Nord. Ces crises ont révélé les failles du gouvernement à répondre efficacement aux enjeux sécuritaires et humanitaires.
Un avenir incertain
Alors que Paul Biya approche les 92 ans, la question de sa succession demeure floue. Son long règne a façonné une administration centralisée et un système politique où toute alternance semble complexe. L’avenir du Cameroun dépendra de sa capacité à surmonter ses blocages institutionnels et à engager des réformes profondes pour une gouvernance plus inclusive et dynamique.
Après 40 ans de pouvoir, Paul Biya laisse un pays à la fois stable et fragile, riche en potentiel mais en proie à de nombreux défis. Le futur du Cameroun dépendra de sa capacité à réinventer son modèle politique et économique pour répondre aux aspirations d’une nouvelle génération.