Le chômage et la précarité de l’emploi sont devenus des préoccupations majeures pour la jeunesse camerounaise. Chaque année, des milliers de diplômés sortent des universités et des grandes écoles avec l’espoir de trouver un travail stable. Pourtant, la réalité est tout autre : peu d’offres, des recrutements limités, et un marché du travail saturé. Face à cette situation, beaucoup de jeunes se tournent vers l’auto-entrepreneuriat, tandis que d’autres tentent leur chance à l’étranger.
Un marché du travail saturé et inadapté
Le Cameroun compte une population jeune et dynamique, mais le marché de l’emploi peine à absorber cette main-d’œuvre qualifiée. Le secteur public, autrefois considéré comme un eldorado, propose de moins en moins de postes, tandis que le secteur privé reste limité en opportunités. Les entreprises, soumises à de nombreuses charges fiscales et à un climat économique incertain, préfèrent souvent embaucher à court terme ou proposer des stages non rémunérés.
Selon de récents chiffres, le taux de chômage chez les jeunes avoisine les 30 %, un chiffre inquiétant qui reflète l’ampleur du problème. Les jeunes diplômés issus de filières comme les sciences sociales, la gestion ou la communication sont particulièrement touchés, car ces secteurs sont moins porteurs sur le marché camerounais.
L’auto-entrepreneuriat, une alternative en plein essor
Face à l’absence d’opportunités, de nombreux jeunes se tournent vers l’auto-entrepreneuriat. Grâce aux formations en ligne et aux réseaux sociaux, certains parviennent à lancer leurs propres activités dans des domaines comme le commerce en ligne, le digital marketing, l’agroalimentaire ou encore l’artisanat.
Des initiatives gouvernementales et privées ont vu le jour pour encourager cet élan entrepreneurial. Des programmes comme le Plan Triennal Spécial Jeunes (PTS-Jeunes) ou l’Agence de Promotion des Investissements (API) proposent des financements et des formations aux jeunes entrepreneurs. Toutefois, ces aides restent encore limitées et ne suffisent pas toujours à garantir la pérennité des projets.
L’exode vers l’étranger, une solution à double tranchant
Face aux difficultés du marché de l’emploi, un nombre croissant de jeunes Camerounais choisissent d’émigrer vers l’Europe, l’Amérique ou d’autres pays africains en quête de meilleures opportunités. Le phénomène de « brain drain » (fuite des cerveaux) s’accélère, privant le pays de talents qui pourraient contribuer à son développement.
Certains parviennent à s’intégrer et à bâtir une carrière à l’international, tandis que d’autres se heurtent aux dures réalités de l’immigration : instabilité administrative, exploitation, ou précarité des emplois. Cette fuite massive de compétences pose un véritable défi pour le Cameroun, qui peine à retenir sa jeunesse et à lui offrir un avenir prometteur sur place.
Quelles solutions pour un avenir meilleur ?
Pour sortir de cette impasse, plusieurs pistes sont évoquées. D’abord, une réforme du système éducatif semble essentielle pour mieux adapter les formations aux besoins du marché. Il devient crucial d’encourager les formations techniques, numériques et industrielles, qui offrent plus de débouchés.
Ensuite, le gouvernement doit favoriser un climat économique plus propice à l’investissement et à la création d’entreprises. Cela passe par une réduction des lourdeurs administratives, des incitations fiscales pour les PME et une meilleure promotion du « Made in Cameroon ».
Enfin, les jeunes eux-mêmes doivent être encouragés à se former en continu, à développer des compétences en adéquation avec les exigences du marché, et à explorer des opportunités dans des secteurs porteurs comme le numérique, l’agriculture ou les énergies renouvelables.
Alors que le pays se prépare à des échéances électorales importantes, la question de l’emploi des jeunes sera sans aucun doute un enjeu clé du débat public. Pour l’instant, la jeunesse camerounaise continue de lutter, entre espoir, résilience et quête de solutions pour un avenir meilleur.
