Douala, 12 juin 2025 – Dans la matinée du jeudi 12 juin 2025, les conducteurs de motos‑taxis du quartier Akwa, à Douala, ont lancé une grève généralisée (mise à l’arrêt) afin de protester contre l’obligation de porter des chasubles homologuées imposées par la Communauté Urbaine de Douala (CUD) lebledparle.com+1actucameroun.info+1. Cette démonstration spectaculaire a entraîné une paralysie presque totale de la circulation routière dans cette artère commerciale et d’affaires.
Contexte et évolution de la réglementation
- Professionnalisation et identification
Depuis juillet 2024, la CUD et la mairie de Douala mènent un vaste programme de professionnalisation du secteur des motos‑taxis. Cette initiative comprend un enrôlement numérique des conducteurs via une plateforme en ligne, attribuant à chaque conducteur un QR code apposé sur une chasuble homologuée 237actu.com+10actucameroun.info+10cameroon-tribune.cm+10.
Fin septembre 2024, environ 3000 conducteurs ont reçu leurs chasubles et badges à la place de la Bessèkè ; la circulation des motos‑taxis non homologuées a été strictement interdite dans les zones réglementées (Akwa, Bali, Deido) dès le 1er octobre 2024 lebledparle.com+6cameroonpress.com+6cameroon-tribune.cm+6. - Objectifs officiels
Les autorités justifient ces mesures par la volonté de renforcer la sécurité des usagers, lutter contre les délits (« microbes ») liés aux motos‑taxis, et imposer un standard professionnel dans un secteur jusque-là majoritairement informel reddit.com+11actucameroun.info+11upactu.com+11.
La protestation du 12 juin : motifs et impacts
- Les conducteurs refusent catégoriquement l’obligation de porter ces chasubles, estimant que cela entraîne des coûts excessifs, des tracasseries, et une discrimination stricte contre les non‑enregistrés actucameroun.com+5dunia-news.com+5237actu.com+5.
- Cette décision de bloquer la circulation à Akwa, axe stratégique de Douala, reflète une opposition collective face à ce qu’ils perçoivent comme une sur-réglementation punitive, affectant leur capacité à gagner leur vie et restreignant la mobilité des populations.
- Le mouvement s’inscrit dans la continuité des tensions entre autorités urbaines et transporteurs :
- En avril 2022, une première manifestation à Akwa avait déjà mobilisé les conducteurs contre les abus de la police municipale, notamment les confiscations arbitraires de motos, de droits de stationnement et les frais d’amende jugés disproportionnés cameroon-tribune.cm+1camerounpost.com+1.
Conséquences immédiates et réactions
- La circulation matinale a été fortement perturbée, avec des ralentissements massifs dans les rues d’Akwa.
- Bien que aucune arrestation massive n’ait été rapportée, la tension demeure palpable dans la zone.
- Les autorités restent discrètes sur leurs intentions : un moratoire temporaire ou un ajustement de la mesure n’est pas exclu, mais aucune annonce officielle n’a encore été faite.
- Les syndicats de conducteurs réclament un dialogue urgent avec la CUD pour réviser les modalités :
- Réduction des coûts liés à l’obtention des chasubles.
- Allègement de la distinction entre conducteurs identifiés et non-identifiés.
- Sanctions proportionnées et sécurisation des droits des travailleurs concernés.
Perspectives et enjeux
- À court terme, le blocage persistant risque d’accentuer les tensions sociales et de porter atteinte à l’économie locale, notamment pour les commerces et travailleurs matinaux.
- À moyen et long terme, cette crise met en évidence un défi majeur : trouver un équilibre viable entre la professionnalisation du secteur, la sécurité urbaine, et la préservation des revenus des conducteurs.
- La rencontre attendue entre les syndicats de motos‑taxis et la CUD sera déterminante :
- Pour affiner une réglementation plus inclusive et pragmatique, sans pénaliser les acteurs locaux.
- Pour éviter une escalade et garantir un service de transport urbain fiable et accessible à toute la population.
En conclusion, la protestation des motos‑taxis à Douala souligne l’impérieuse nécessité d’une réforme juste et concertée dans un secteur vital de la mobilité urbaine. Les autorités municipales sont désormais confrontées à un dilemme : appliquer une réglementation stricte pour la sécurité, tout en évitant de fragiliser économiquement les milliers de conducteurs qui en vivent. L’issue de cette crise dépendra largement de la capacité à négocier un compromis équilibré, bénéfique à l’ensemble des acteurs.