Par la Rédaction VP237
L’ancien ministre Issa Tchiroma Bakary rompt le silence et livre un témoignage saisissant sur la rareté de ses interactions avec le président Paul Biya, malgré ses longues années passées au gouvernement.
Dans une récente interview accordée à Naja TV, Issa Tchiroma Bakary, figure politique bien connue et président du FSNC (Front pour le Salut National du Cameroun), a déclaré n’avoir rencontré le président Paul Biya qu’une seule fois dans son bureau au Palais de l’Unité en vingt ans.
« J’ai été privilégié. Je l’ai rencontré. Mais dans son bureau, une seule fois », confie-t-il.
Des rencontres à l’étranger, mais une distance à Yaoundé
Ministre de la Communication pendant de nombreuses années, Issa Tchiroma dit avoir eu davantage d’occasions de parler avec le chef de l’État lors de missions officielles à l’étranger.
« Quand j’étais ministre, j’ai accompagné le président huit fois à l’étranger. À chaque sortie, il reçoit ses collaborateurs. C’est dans ce cadre que j’ai pu m’entretenir avec lui », explique-t-il.
Mais au-delà de ces occasions protocolaires, le politicien affirme aujourd’hui ne plus avoir accès au président, une situation qu’il juge préoccupante.
« Il est invisible, il est inaccessible »
Dans un ton grave, Issa Tchiroma tire la sonnette d’alarme :
« Je n’ai plus de partenaire. Il est invisible, il est inaccessible. La fonction présidentielle est à plein temps. Et surtout, quand le navire est dans une mer démontée, c’est le commandant de bord qui doit être à la barre. »
Ses propos illustrent une fracture croissante entre l’exécutif et certains anciens piliers du régime, dans un contexte où la gouvernance du Cameroun suscite de plus en plus d’interrogations, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays.
Voyage interdit vers Dakar
Autre fait marquant : Issa Tchiroma a récemment été empêché de quitter le territoire camerounais. Alors qu’il s’apprêtait à embarquer pour Dakar (Sénégal), accompagné de sa fille pour un déplacement privé, les autorités aéroportuaires lui ont signifié une interdiction de voyager.
Selon des sources proches de l’ancien ministre, le voyage avait pour but de se recueillir sur la tombe de l’ancien président Amadou Ahidjo. Aucune explication officielle n’a été donnée. Les services de sécurité auraient évoqué, de manière informelle, une « instruction venue d’en haut ».
Un candidat déclaré
Cette interdiction intervient alors qu’Issa Tchiroma Bakary a récemment déclaré son intention de se présenter à l’élection présidentielle de 2025. Un positionnement qui pourrait expliquer certaines tensions autour de ses déplacements ou prises de parole.
En résumé, les révélations d’Issa Tchiroma jettent une lumière crue sur les dynamiques internes du pouvoir à Yaoundé, à l’approche d’échéances électorales majeures. L’opinion publique s’interroge désormais : le régime tolérera-t-il un débat politique ouvert et pluraliste ? Le silence du sommet de l’État est de plus en plus assourdissant.