VOX-POPULIS 237

Analyse critique de la lenteur observée dans la distribution des cartes d’électeurs et la non-publication des listes

 Dr. Adelaide Madiesse Nguela

À quelques mois de l’élection présidentielle de 2025, plusieurs signes d’alerte s’accumulent, suscitant des inquiétudes croissantes dans l’opinion publique camerounaise.

1. Des cartes d’électeurs toujours non distribuées

Depuis novembre ou décembre 2024, de nombreux citoyens affirment avoir finalisé leur inscription sur les listes électorales mais ne disposent toujours pas de leurs cartes. Ils ne détiennent que des récépissés.

Or, ces cartes sont censées être :

  • Une preuve officielle d’enregistrement sur les listes
  • Un document d’identification le jour du vote
  • Un outil de vérification de la transparence et de la régularité du processus

L’absence de ces cartes à ce stade du processus soulève une question de fond : s’agit-il d’une négligence administrative ou d’une stratégie politique ?

2. Non-publication des listes électorales : un flou inquiétant

La non-publication des listes électorales, exigée à plusieurs reprises par les partis d’opposition, les acteurs de la société civile et des électeurs eux-mêmes, va à l’encontre des principes de transparence et de contrôle citoyen du processus électoral.

Cela empêche:

  • Les citoyens de vérifier leur présence effective sur les listes
  • Les partis politiques de faire des analyses comparatives
  • Les observateurs indépendants d’anticiper les éventuels doublons ou anomalies

Ce manque de clarté pourrait bien ouvrir la voie à des manipulations pré-électorales, comme cela a été soupçonné lors de scrutins précédents.

3. Que cache cette lenteur d’ELECAM ?

Même si ELECAM affirme régulièrement agir selon le calendrier légal, plusieurs éléments interrogent :

  • L’absence d’explication claire à ce sujet
  • Le passif institutionnel d’ELECAM, souvent critiqué pour son manque d’indépendance
  • La proximité des responsables d’ELECAM avec le pouvoir exécutif

Dans ce contexte, la perception d’une manœuvre politicienne n’est pas infondée. Elle alimente la méfiance et conforte ceux qui redoutent un processus électoral biaisé.

4. Une fraude pré-électorale déguisée ?

On peut parler ici de fraude par omission ou par anticipation :

  • Ralentir l’émission des cartes électorales est une forme de désenfranchisement silencieux
  • Retarder la publication des listes empêche toute vérification citoyenne indépendante
  • Garder le flou jusqu’aux dernières semaines limite la capacité des partis à s’organiser efficacement

Ainsi, même en l’absence de fraude avérée, ces manquements entretiennent un climat propice à la manipulation, et cela suffit déjà à miner la confiance dans le processus.


5. Appel à la vigilance citoyenne et à la pression internationale

Face à cette situation:

  • Les citoyens doivent exiger, massivement et pacifiquement, la publication des listes et la remise des cartes
  • Les partis politiques doivent documenter chaque cas de manquement, préparer des recours et dénoncer tout glissement suspect
  • La communauté internationale doit renforcer son observation et ses exigences de transparence, en amont du scrutin

Conclusion : le droit de vote ne se mendie pas

La participation électorale est un droit, pas une faveur. Tout retard ou opacité dans sa gestion doit être interrogé, documenté, et dénoncé, car il ne s’agit pas seulement d’une question administrative — mais d’une question démocratique fondamentale.

 »Les propos tenus dans cette tribune n’engagent que leur auteur »

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