27 août 2025 – Par Rédaction VP237
Commentant le bilan de Paul Biya, au pouvoir depuis 1982, l’historien camerounais Achille Mbembé dresse un constat sévère : pour lui, le Cameroun vit depuis plus de trois décennies dans une inertie politique et sociale.
Interrogé par RFI dans « L’invité Afrique », le lauréat du prestigieux Holberg Prize n’a pas mâché ses mots :
« Je crois que tout s’est arrêté au Cameroun depuis le début des années 90. Depuis lors, c’est l’inertie qui prévaut. Alors qu’on se dirige vers une nouvelle élection, appelons-la comme ça, je crois qu’il est temps de dresser un bilan des 43 années au pouvoir de monsieur Paul Biya. Ce bilan est calamiteux », déclare-t-il.
Une société figée
Pour Mbembé, les Camerounais vivent dans une « condition existentielle » marquée par l’immobilisme et le découragement. « Depuis les années 90, c’est la loi de l’inertie qui prévaut », explique-t-il, décrivant une société qui avance « sur le modèle de la reptation », ponctuée de soubresauts « qui ne débouchent sur rien d’historique ».
Un pays qui se délite
L’universitaire, de retour récemment au Cameroun, s’est dit frappé par l’état de dégradation du pays. « Vous allez à Yaoundé, c’est des poubelles, des montagnes d’ordures à ciel ouvert, la saleté, l’absence d’hygiène publique. On a l’impression que tout se désagrège », affirme-t-il.
À ses yeux, la capitale elle-même symbolise ce déclin : « Yaoundé n’est pas une ville. C’est un vaste bric-à-brac, et il faudra sans doute changer de capitale le jour venu », lance-t-il.
La question du leadership
Sans manquer de respect à l’âge avancé de Paul Biya, Mbembé estime que le président aurait dû quitter le pouvoir depuis longtemps. « Dans un pays normal, il aurait été congédié depuis très longtemps », affirme-t-il.
Pour l’historien, il est urgent que le Cameroun engage une réflexion profonde sur son avenir, au-delà des échéances électorales.