L’historien et intellectuel camerounais Achille Mbembé est revenu ce 27 août 2025 sur l’exclusion de Maurice Kamto de la présidentielle d’octobre prochain. Interrogé par RFI dans l’émission L’invité Afrique, le penseur estime que le problème central n’est pas l’éviction en elle-même, mais le fonctionnement du système électoral camerounais.
« Une machine d’élimination »
« Même si Maurice Kamto avait eu des élus avec le MRC, le pouvoir aurait trouvé un autre moyen de l’écarter », affirme Achille Mbembé. Selon lui, le Code électoral actuel est conçu comme une machine de sélection et d’élimination qui ne garantit pas des élections compétitives.
Il insiste : « Il faut changer de code électoral. Il faut s’attaquer à ces questions de fond. »
Le poids du tribalisme
Au-delà des aspects juridiques et institutionnels, Mbembé met en lumière un facteur sociopolitique lourd : l’obsession anti-Bamiléké.
« L’instrumentalisation des facteurs ethniques et régionaux est devenue une technologie de pouvoir. L’obsession anti-Bamiléké explique bien davantage l’éviction de Kamto que toutes ces histoires tactico-tactiques », soutient-il.
L’intellectuel évoque même une « fixation psychanalytique » anti-Bamiléké qui dépasse le cercle du pouvoir pour s’enraciner dans la société camerounaise. « Il y a un investissement d’une énergie excessive dans ce mauvais objet », déplore-t-il.
Un appel à des réformes structurelles
Pour Mbembé, l’urgence n’est donc pas seulement la dénonciation des exclusions ponctuelles, mais la remise à plat de tout le système : institutions électorales crédibles, lutte contre le tribalisme politique et révision profonde du Code électoral.