Yaoundé, 7 juillet 2025 – Rédaction VP237
L’économiste Dieudonné Essomba n’a pas mâché ses mots lors de son passage à l’émission Club d’Élites sur la chaîne Vision 4, ce dimanche 6 juillet. Le consultant a mis en lumière un risque institutionnel majeur : l’âge avancé du président Paul Biya, proposé une nouvelle fois par le RDPC pour l’élection présidentielle d’octobre 2025, constituerait selon lui un “danger système” pour le parti et pour le pays.
« Une boîte noire » autour du chef de l’État
« Il y a un danger système dans le RDPC avec l’âge du président de la République », a déclaré l’économiste, tout en regrettant le déni apparent de cette réalité dans les rangs du parti au pouvoir.
Pour Dieudonné Essomba, la faible activité gouvernementale, souvent décriée par certains anciens ministres comme Issa Tchiroma Bakary, traduit une perte d’efficacité du sommet de l’État. Il évoque une absence de dynamisme exécutif qui pèserait lourdement sur la gestion du pays.
« Le chef de l’État apparaît aujourd’hui comme un objet entre les mains d’une boîte noire », déplore-t-il, suggérant un pilotage opaque du pouvoir.
Un risque institutionnel non assumé
L’alerte de Dieudonné Essomba est claire : le risque posé par la reconduction d’un président de 93 ans n’est pas simplement politique, mais systémique.
« Il y a un seuil d’âge après lequel l’efficacité, la présence, le discernement deviennent des variables critiques. Or, ce débat semble éludé au sein du RDPC », affirme l’économiste.
Cette prise de position intervient alors que le débat sur la succession ou le renouvellement de la gouvernance reste verrouillé dans le camp présidentiel, malgré les démissions de poids lourds comme Issa Tchiroma et Bello Bouba Maïgari, tous deux désormais candidats à la présidentielle.
Une boîte noire ou une impasse politique ?
Essomba pose une question dérangeante mais centrale : jusqu’à quand les institutions camerounaises accepteront-elles d’être conduites par un président dont la visibilité publique est réduite et dont les décisions apparaissent de plus en plus déléguées ?
Alors que le RDPC tarde à officialiser sa candidature présidentielle, cette sortie d’un intellectuel influent pourrait relancer le débat sur la capacité du président Paul Biya à exercer un nouveau mandat.
VP237 publiera cette semaine une série d’analyses sur “L’âge et le pouvoir en Afrique”, avec des regards croisés d’intellectuels, de sociologues et de politologues camerounais.
